Pour répondre à cette question, il faut commencer par dire que je n'ai pas les idées encore très claires sur ce qui me passionne. Je suis en troisième année de Licence en Droit et Sciences Politiques dans une Université française, délocalisé à l'Université Carlos III de Madrid dans le cadre du programme d'échange d'étudiants européens Erasmus; programme sur lequel je reviendrai assez longuement dans un futur billet. Il est vrai qu'une soif de voyager m'envahissait depuis quelques années, le monde est tellement vaste mais l'on ne voit souvent pas plus loin que le bout de son nez, c'est bien vrai. Je vis aujourd'hui et pour dix mois dans la capitale espagnole, non-loin de mon idole Zinedine qui est dirigeant au Real Madrid.
Étudier en France ne me tente vraiment plus et je vais m'en expliquer de la manière la plus claire possible, sachant que la problématique repose sur plusieurs thèmes divers et variés, entre autres le système éducatif, et le système en général, tout entier. Sans vouloir passer pour un militant d'extrême gauche, mouvement que je respecte tout à fait mais auquel je n'appartiens pas; il est vrai que beaucoup de choses sont à changer. C'est peut être pour ça que je suis un peu perdu: je ne me sens plus à l'aise au sein de l’Éducation française.
Une pile de connaissance parfois inutilisée dans la vie professionnelle. |
Le système universitaire français, pour ce que j'en ai pratiqué durant deux longues années paraît dépassé, en manque cruel de moyen et de financements. Je passerai sur la vétusté des locaux de ma faculté, qui essaie tant bien que mal d’accueillir des étudiants toujours plus nombreux dans des préfabriqués qui ont la faculté de se transformer en fournaise l'été et en frigo l'hiver, et je passerai aussi sur l'impression de n'être qu'un nombre administratif au milieu d'une usine à gaz qui m'a traversé tout au long de mon DEUG de Droit. Ceci n'enlève rien à la qualité de l'enseignement et des professeurs, qui font partie des meilleurs spécialistes dans leurs domaines et transmettent parfois de manière très agréable leur matière aux étudiants.
Le système éducatif secondaire nous mène, nous, étudiants, dans un labyrinthe dans lequel chacun doit trouver tant bien que mal son chemin et, surtout, sa place. Chemin dont l'issue dépendra pour la grande majorité du capital social et capital économique des parents, chers à Bourdieu. Oui notre système n'est pas en phase avec les rêves des étudiants, qui n'ont plus goût pour la majorité à ce qu'on leur enseigne et oui l'ascenseur social est resté bloqué au rez de chaussée. Pas besoin de statistiques pour étayer mon propos, de toute façon je n'en ai pas sous la main. Il suffit de vivre ça de l'intérieur et de voir que les étudiants ne savent pas où ils vont. Je me trompe, ils savent que la semaine prochaine ils ont contrôle, mais pas plus. Désorientés, voilà le mot. Faire face à un système élitiste est difficile. Les meilleurs auront le meilleur, type École Nationale de l'Administration ou Sciences politiques . Les très bons se partageront le reste en se payant des grandes écoles de commerce parisiennes s'ils le peuvent et s'en sortiront tant bien que mal. Le reste devra y aller "au courage" comme on dit et se partager les miettes; entre contrats à durée indéterminée, stages non-rémunérés et "Mac Job's" à durée indéterminée ( la fin du contrat se situe au niveau du seuil de tolérance de l'exploitation) jusqu'à trouver un emploi à peu près stable auquel ils pourront se raccrocher, dans la plupart des cas à mille lieux de leur formation initiale . Voilà le fond du problème, on forme dans la plupart des cas des étudiants dans nos universités qui ne feront absolument pas cela plus tard. Les formations sont inadéquates au milieu du travail dans beaucoup de cas et souffrent de peu de débouchés, crise ou non.
S'ajoute à cela le fait que nos diplômes universitaires n'ont pas la même valeur, enfin si, sur le papier il y a le même intitulé, mais tout le monde sait qu'un employeur privilégiera, à compétences égales ( j'ose ajouter origines) un master de Paris Dauphine qu'un autre de Limoges. Voilà la (dure) réalité.
Mais revenons à mes rêves, soyons un peu plus gais, ou en tout cas à ce que je voudrais faire plus tard. Je crois que j'ai tellement peur d'être déçu que je n'en ai pas un qui ne me vienne à l'esprit. Je n'y ai peut être jamais pensé. J'ai gravi les échelons du système éducatif sans trop de problèmes, sans briller non plus. Je n'ai jamais trop su pourquoi j'étudiais mais je le faisais. Ne pas étudier, c'est mal, on risque la punition et de vivre dans la rue plus tard, comme disent les parents soucieux de l'avenir de leur enfant. Alors j'ai suivi le chemin, année après année, rentrée après rentrée, contrôle après contrôle, partiel après partiel. Comme une série télévisée, saison après saison, sans savoir vraiment où on va s'arrêter de la regarder ou quand elle ne sera plus produite.
Formé par le système éducatif, qui lui même ne sait plus trop où il en est; de suppressions de postes en changement de programmes d'enseignement. Ne me faites pas dire par ici que le problème vient du corps des enseignants et professeurs qui sont des passionnés pour la grande majorité et qui sont des personnes pour lesquels j'ai le plus profond respect ( passons là encore les problèmes d'effectifs, de moyens matériels et donc humains auxquels ils font face).
Le système éducatif est à réviser,voilà le fond du problème. A cause de celui-ci des dizaines de milliers d'élèves se retrouvent chaque année avec de sérieux problèmes d'échecs et perdent beaucoup de leur motivation et de leur envie de réussir. C'est bien connu, on est pas heureux quand on ne fait quelque chose que l'on apprécie pas, où on ne trouve pas sa place. Ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est que la proportion de ces élèves déboussolés dépasse l'acceptable. Les filières professionnelles sont complétement dévalorisées vis à vis des filières générales et certains élèves se retrouvent dans ces dernières contre leur volonté et perdent ainsi deux voire trois années de leur vie à s'enfoncer dans une filière pour laquelle ils n'ont absolument aucun intérêt. Ce qui m'a frappé lors de ma rentrée à l'université et qui caractérise parfaitement la situation actuelle, je vais vous le raconter. Début Septembre 2009: premier jour de cours en première année de Droit dans mon université : 900 places dans l'amphithéâtre, des gens assis dans les escaliers, faute de places sur les bancs, d'autres derrière la porte d'accès, à rédiger leur cours sans voir la tête du professeur, juste en écoutant sa voix portée par le micro ( qui fonctionne une fois sur trois). Novembre de la même année, amphithéâtre aux trois quarts vides. Beaucoup avaient arrêté, non pas les trois quarts parce que beaucoup ne vont pas aux cours magistraux- me fera-t-on remarquer- mais environ trois sur dix, ce qui me paraît énorme. Les élèves se retrouvent à la fac, par défaut de sélection dans d'autres écoles qu'ils espéraient. Parfois par manque de place, parfois par manque de travail parce qu'ils ne se plaisaient pas dans le système, comme expliqué précédemment.
La difficulté d'avoir des échanges avec le maître de conférence est aussi un problème. Lecture du cours, monotonie et départ vers un autre amphi. |
En résumé, d'une part nous avons beaucoup de candidats et d'autre part beaucoup de déçus. C'est peut être pour cela que je me suis dirigé inconsciemment vers l'étranger. Là où je pensais que l'air de l'éducation serait plus pur, et où il serait plus en phase avec les aspirations des étudiants, avec leurs rêves. Il faut vraiment agir, et adapter notre éducation à notre temps et ne pas nous enfoncer dans l'immobilisme.
Attendons de voir ce que nous proposent les candidats à l'élection présidentielle de 2012. Je ne doute en aucune manière que leur promesses seront les plus belles possibles, et les plus démagogiques aussi.
C'est peut être eux, au final, qui me vendent du rêve. J'aime mon pays, la France, plus que tout, rendons lui un système éducatif à sa hauteur.
Félicitation pour ton commentaire Jordan. Tout est criant de vérité et reste agréable malgré tout à lire !
RépondreSupprimerBeau billet !
Julie.
Je te remercie beaucoup!
RépondreSupprimerJe publie un commentaire reçu :qui me plaît beaucoup pour sa franchise:
RépondreSupprimer"Une orthographe et une grammaire à la hauteur des idées développées. Blâmons le système français car n'oublions pas que l'herbe est toujours plus verte chez le voisin ...
Merci d'avoir parlé de ce sujet, qui à mon humble avis, n'avait vraiment jamais été traité.
Mathilde. "
@ Mathilde
RépondreSupprimerL'éducation est meilleure dans bien d'autres pays d'Europe et du monde.Parlons de l'OCDE alors, la France est au 27e rang sur 65 dans le classement "Pisa" de l'OCDE pour la culture scientifique, 22e pour la culture mathématique et 21e ex aequo pour la compréhension de l'écrit. Oui dans d'autres pays l'herbe est plus verte, et elle y paraît de plus en plus, à mon humble avis.
Joyeux Noël à vous!
L'éducation n'est certainement pas la meilleure, j'en conviens. Mais il ne faut pas omettre la capacité de la France à engendrer l'élite intellectuelle mondiale. La France est en effet classée seconde en nombre de récipiendaires de la médaille Fields (récompense décernée aux meilleurs mathématiciens) et première en ce qui concerne le prix Nobel de littérature. L'Ecole Normale Supérieure est reconnue internationalement et beaucoup de ceux qui en sortent finissent dans les meilleures universités mondiales, dont une grande partie dans notre cher pays. Je pourrais continuer en citant HEC ou Polytechnique, qui créent les dirigeants d'entreprises dont nos entreprises et celles du monde entier ont besoin. L'élite française est très performante, car elle a su comprendre la force de notre système scolaire, la pluridisciplinarité. Rares sont les pays qui proposent l'étude de la philosophie au lycée. Alors certes un petit finlandais calcule rapidement, lit vite, mais lui demander de réfléchir par lui-même c'est trouver sa faille. La scolarité, ce n'est pas apprendre sa leçon et la réciter, c'est s'ouvrir l'esprit, comprendre que la majeure partie de ses connaissances est acquise de façon indépendante.
RépondreSupprimerGrand nombre des étudiants français qui échouent, ne se donnent malheureusement pas les moyens de réussir. Les bibliothèques françaises sont ouvertes à tous ceux qui souhaitent y entrer, encore faut-il le vouloir ... A noter que je ne nie cependant pas le "facteur social" dans la réussite mais il y a moyen de réduire fortement son effet si on en a la volonté !
Bonnes fêtes et désolée pour le premier message, je me rends compte que j'ai pu être un peu méchante, mais je suis une puriste de la langue de Molière, Descartes, Voltaire, la liste est beaucoup trop longue ...
Mathilde.
Vous avez eu tout à fait raison de corriger mes fautes d'orthographe,certaines étaient impardonnables. J'aime le principe selon lequel on répond à un article en toute franchise et en exprimant son point de vue, comme vous l'avez fait à deux reprises. C'est ce qui fait avancer les choses.
RépondreSupprimerAu final je vous rejoins sur beaucoup de points, mais au lieu de focaliser mon attention sur les grandes écoles,qui, je ne le nie pas, sont excellentes et servent à former de grands entrepreneurs, je préfère parler de ce que je vois : c'est à dire un système qui me paraît aujourd'hui inadapté et truffé d'obstacles pour les élèves qui souhaitent intégrer la vie active. Ceux qui n'ont pas la chance d'être les heureux élus n'ont que trop peu de solutions viables qui s'offrent à eux. Mais vous avez raison, je ne suis pas le premier à en parler, ni le dernier. J'aimerais juste que les choses changent, et qu'on pense à revoir quelques points noirs de ce système.
Encore bonnes fêtes à vous, et ne vous inquiétez pas, les critiques sont ici les bienvenues, surtout venues des personnes qui savent clairement s'exprimer et manier la langue de Molière comme vous. Merci pour votre contribution. En espérant que le prochaine interview d'une défenseure des Droits des femmes en préparation vous plaira plus.
A très bientôt,
Jordan.
Bravo ! Continue
RépondreSupprimerFelicitaciones Jordan !!! Acabo de traducir tu artículo, muy interesante. Pues sí, el tema de la educación si bien es considerado como un vehículo de movilidad social y de desarrollo, lamentablemente muchos estudiantes al estar insertados en el se sienten desilucionados. Pero esta decepción inicia desde que uno(a) se encuentra en la primaria o la secundaria, ya que este "sistema de educación industrial" pretende estandarizar que todos los alumnos salgan con los mismos conocimientos. Pero en el interín no se dan cuenta de cada alumno es distinto que tiene sueños, capacidades y habilidades distintas, así a unos les gusta más el arte que los número, pero por eso no se puede decir que uno es mejor que el otro. Lamentablemente, este tipo de sistema educativo se da en todas partes. Yo espero que algún día esto cambiará, pero para ello se debe iniciar con actos de protesta que muestre nuestra disconformidad con esta porquería de educación ...
RépondreSupprimerAquí te dejo un videito ...http://www.youtube.com/watch?v=fkBzLlYlc64&feature=related