mercredi 28 mars 2012

Les clés de la grève générale en Espagne.

Affiche des syndicats des travailleurs "Ils veulent en terminer avec le droit du travail et les droits sociaux , avec tout"


"Huelga General" en Espagne. La réforme du droit du travail initiée par le Gouvernement de Mariano Rajoy tout fraîchement élu, ne convient pas aux syndicats des travailleurs qui furent exclus de la négociation. Un appel a la grève générale a été lancé par les deux principaux syndicats pour protester contre cette réforme du mois de février qui vient "flexibiliser" le statut des salariés espagnols. 


Cette réforme est compliquée et très lourde d'un point de vue juridique ( de l'avis de tous mes professeurs de droit du travail ici en Espagne qui n'ont encore pas tout assimilé). Je vais essayer de vous en conter quelques points clés dans cet article pour comprendre les raisons d'être de cette grève.

Un chiffre, 22,85%. C'est le taux de chômage en Espagne au quatrième trimestre 2011, ce qui représente plus de cinq millions de citoyens espagnols en recherche d'emploi. L’Espagne est dans une situation économique grave aujourd'hui. Le Gouvernement en exercice, conformément a son idéologie libérale et en plus des coupes budgétaires imposées par le déficit public ( et Bruxelles), a décidé de favoriser le pouvoir de direction des chefs d'entreprises ibériques en favorisant  la résiliation de contrats de travail, les modifications des conditions de travail (comme les horaires, les salaires et fonctions), mais en facilitant aussi,  par exemple, les démarches de licenciements collectifs. 


"Les espagnols s'attendaient à des coupes budgétaires et des réformes pour combattre la crise économique qui sévit depuis 2008. Les voilà face à un dilemme: approuver ou descendre dans la rue"



Une nouvelle figure juridique fait son apparition dans la réforme contestée: le dénommé "contrat à durée indéterminée pour employeurs" ( pour les entreprises de moins de 50 travailleurs) autorisant des périodes d’essai d’une année et des déductions fiscales en cas d'embauche de personnes sans-emploi. Il s’agit d’un contrat de trois ans minimum dans lequel le licenciement peut intervenir à n’importe quel moment, sans démarches administratives, ni indemnisation. Ce qui vient je l'avoue quelque peu brouiller la conception que j'avais d'un contrat à durée indéterminée.  

La réforme vient donc déplacer l'équilibre établi auparavant en matière de droit du travail en venant favoriser clairement les pouvoirs des chefs d'entreprise par rapport à ceux des salariés. L'objectif étant de "flexibiliser" ( rimant avec précariser)  le marché du travail  pour en donner à ceux qui n'en ont pas.

Au vu de cette réforme, les salariés ont de quoi se faire du soucis. "Ils n'ont pas voulu négocier. Ils étaient décidés a imposer la réforme a n'importe quel prix. Ils ont renversés toute l'architecture sociale et l'architecture du travail qui étaient en vigueur depuis la transition démocratique" dit Fernández Toxo, Secrétaire Général du syndicat Comisiones Obreras. Les deux principaux syndicats des travailleurs argumentent conjointement que “La réforme du du Gouvernement interrompt le Droit du travail et le remplace par un pouvoir arbitraire patronal, facilite et rend peu cher le licenciement; ne réduit pas les modalités d'embauche et au contraire les augmente et les précarise; introduit des discriminations dans les possibilités d'emploi, rompt l'équilibre de la négociation collective et ouvre les portes au licenciement, pour la première fois au sein de l'Administration Publique". Les organisations patronales, applaudissent pour leur part la réforme ( le contraire serait surprenant). Le Partido Popular de Rajoy, qui vient de subir une défaite aux élections andalouses, (perte de 425.000 voix en 6 mois) répond aux critiques en disant qu'il était impératif de réformer pour "éviter 3 millions de chômeurs en plus" et qu'il fallait "prendre des décisions, avoir du courage, être vaillant". Les espagnols s'attendaient à des coupes budgétaires et des réformes pour combattre la crise économique qui sévit depuis 2008, les voilà face à un dilemme: approuver ou descendre dans la rue.

Tout cela peut nous amener à réfléchir sur ce que pourrait devenir la situation en France si le prochain Président ne prend pas des mesures concrètes pour lutter contre le chômage, avant d'en arriver à de si dures réformes.

Les espagnols répondront-ils nombreux à cette convocation de grève générale? Réponse jeudi 29 mars.




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