lundi 12 mars 2012

Julien Rochedy, porte-parole du Front National de la jeunesse: "Nous ne sommes pas des monstres fascistes"

"Il faut connaître son ennemi pour pouvoir mieux le combattre." Le Front National fait peur à beaucoup d'entre nous, par ses idées et ses incitations à la haine de l'immigré. Il reste pourtant un parti méconnu de ceux qui le combattent. J'ai choisi de laisser la parole à un de ses représentants car le Front National a aujourd'hui une influence sur le débat politique assez impressionnante.
Après tout, nous sommes en démocratie, et même si je n'adhère pas à ce parti, je suis de ceux qui disent que le débat et le pluralisme sont les fondamentaux auxquels nous devons nous attacher afin de pouvoir décider en connaissance de cause.Ce n'est pas en privant, selon moi, un parti politique de son droit à s'exprimer, que cela va lui faire perdre son électorat ou toute crédibilité. Agir de la sorte le renforce.  De plus, je me suis rendu compte en discutant avec certaines personnes qui avaient l'intention de voter pour Marine Le Pen lors des prochaines présidentielles, qu'elles ne connaissaient que très peu et se trompaient sur le programme et les idées de la candidate "héritière du Parti". Bien sûr, d'autres courants auront la parole durant les prochains jours dans cet espace, où, je le répète, aucun parti n'a mon soutien.

Julien Rochedy est Président des Jeunes avec Marine et Porte-parole du Front National de la Jeunesse. Il n'a pas le "profil" du militant frontiste. Plutôt beau-gosse, c'est un jeune philosophe, qui se dit à l'aise pour débattre et qui se consacre depuis plusieurs années déjà à défendre les idées du parti, il est aujourd'hui membre de l'équipe de campagne de Marine Le Pen. Pour une "dédiabolisation" de son Parti? Entretien.


Chroniques Des Droits : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Julien Rochedy : Je m’appelle Julien Rochedy, j’ai 24 ans depuis le 10 mars, je suis né en Ardèche et j’y ai passé toute mon enfance et mon adolescence jusqu’au bac. Je suis ensuite allé faire mes études à Lyon et j’ai obtenu un master de relations internationales sécurité/défense à l’université Jean Moulin Lyon III. Dans le même temps j’ai écrit un essai qui s’appelle le Marteau, qui est sorti aux éditions praelego en juillet 2010. Enfin, je suis parisien depuis le mois de septembre, en charge des Jeunes avec Marine.


C.D.D : Pourquoi avoir rejoint le Front National ?  Quel est votre rôle au sein de la campagne ?

J.R : J’ai rejoint le Front National en 2006 lorsque je suis arrivé à Lyon car je voulais m’investir dans la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen, mais j’ai ensuite arrêté la politique, étant trop déçu par le choix des Français et souhaitant m’occuper de mes études et de l’écriture. Je suis revenu au Front en 2010 avec l’ascension de Marine. Je suis dans ce parti parce que c’est le seul à avoir tenu le drapeau dans ses mains quand tous le piétinaient pour diluer la France dans une mondialisation sans frontière, une Europe sans saveur ni identité, et dans un multiculturalisme qui montre aujourd’hui ses risques. Je m’occupe de tout le mouvement jeune durant cette campagne, et je suis aussi conseiller politique de Marine.


C.D.D : Quelles sont les grandes propositions que votre Parti fait pour les jeunes ?  Et en ce qui concerne l’enseignement supérieur ?

J.R : Nous voulons refaire de l’université un grand pôle public d’excellence. Il est inadmissible qu’aujourd’hui l’université soit devenue presque une voie de garage comme on dit, alors que les diplôme qui ont de la valeur sont fournis par des grandes écoles privées aux frais d’inscriptions onéreux. Nous voulons aussi, par exemple, que les stages de fin d’étude soient directement proposés par l’université, afin que ceux-ci ne soient pas obtenus en fonction du carnet d’adresse des parents. Nous voulons également mettre fin au collège unique, et en cela revaloriser l’apprentissage. Nos mots d’ordre en cette matière sont : méritocratie, excellence et égalité.
Notre projet, c’est celui du redressement de la France : sortir de la crise systémique, réindustrialiser le pays et donc arrêter avec cette spirale du chômage. Redresser la France, c’est aussi stopper l’immigration et mettre fin à l’insécurité. Avec un tel projet, c’est toute la jeunesse française qui y trouvera son compte, car l’avenir de cette jeunesse est indissociablement lié à celui de la France.



"Notre Projet n’est pas d’extrême-droite, il est non-aligné"




Julien Rochedy: futur du Front National?



C.D.D : Les jeunes sont-ils plus nombreux à rejoindre votre parti ces dernières années ?

J.R : D’une manière générale, le Front National a toujours été un parti jeune. Mais il est vrai que depuis quelques années, en particulier depuis quelques mois, nous avons un afflux incroyable de moins de vingt-cinq ans qui nous rejoignent. J’ai annoncé à la convention des jeunes avec Marine, le 18 février à Lille, qu’en deux mois nous avions eu plus de 2000 adhésions jeunes, ce qui est un record.
Les jeunes n’ont pas envie de voter comme ont voté leurs grands-parents et leurs parents, à savoir : le centre, la droite ou la gauche. Car ils se rendent bien compte que depuis que ces trois partis sont aux commandes en France, depuis 40 ans, la France n’a eu de cesse de décliner dans tous les domaines. Il n’y a pas un domaine qui se soit amélioré en France depuis des dizaines d’années, tout ne cesse de s’empirer ! Alors les jeunes se disent : est-ce un hasard, ou est-ce la faute de ceux qui nous ont gouverné ? A partir de là, ils souhaitent une alternative, et cette alternative, ça ne peut être que Marine. 


C.D.D : Dans une Interview à « Rue 89 » vous disiez qu’aujourd’hui l'Homme est un consommateur : « C'est ma sortie du samedi, mon cœur, mon cul. » Pouvez- vous nous développer votre point de vue ?

J.R : Je voulais dire que cette société veut créer un type d’homme nouveau, complétement médiocre, dont les seules préoccupations sont ses petites jouissances personnelles, son égoïsme, son petit « moi » méprisable. Nous avons-nous une autre vision de l’homme : responsable, fier de ce qu’il est, prêt à s’engager. 


C.D.D : Pensez-vous, par votre profil, participer à l’amélioration de l’image du Front National?

J.R : Si mon profil peut permettre à des gens qui délirent sur nous depuis des années à se rendre compte que nous ne sommes pas des mangeurs d’enfants, alors tant mieux. Ça ne me dérange pas qu’on ne soit pas d’accord avec nous, mais je ne peux tolérer que certains nous voient tel que nous ne sommes pas, à savoir des monstres fascistes ou je ne sais quelle billevesée. Notre projet pour la France est on ne peut plus légitime et crédible ; il n’est pas d’extrême-droite, il est non-aligné. C’est très différent.



 "Nous avons perdu des sommes d’argent considérables pour réussir à avoir ces 500 parrainages"





C.D.D : Quelles sont selon vous les principales qualités de Marine Le Pen ?

J.R : C’est une femme honnête, patriote, énergique et courageuse, soit des qualités qui me semblent indispensables pour un chef d’Etat.


C.D.D : Le retour au Franc, proposé dans le programme de votre candidate est-il bien raisonnable ?

J.R : Je ne peux ici vous faire une démonstation économique, mais vous pouvez vous renseigner sur le net. Si vous pensez que la sortie de l’euro n’est pas quelque chose de raisonnable, alors vous considérez que des prix Nobels d’économie comme Krugman, Stiglitz, Allais, et des centaines d’autres économistes (de Sapir à Rosa) ne sont pas des gens raisonnables.
En vérité, une majorité d’économistes pensent aujourd’hui que la zone euro n’est pas viable, mais le débat est verrouillé en France, ce qui est assez extraordinaire. Nous voulons, nous, conserver une monnaie commune, mais nous considérons avec ces économistes que la monnaie unique va s’effondrer. Nous voulons prévoir cet effondrement, voilà tout.
 

C.D.D : Marine Le Pen dit-avoir du mal à recueillir les 500 signatures qui sont imposées à tout candidat à la Présidentielle, et le Conseil Constitutionnel a refusé l’anonymat des parrainages.  Une élection présidentielle sans le Front National  est-elle vraiment possible ?

J.R : En tout cas elle ne serait pas légitime ! Tout ce que je peux vous dire c’est que nous faisons tout pour obtenir ces parrainages, et que les autres – en particulier l’UMP – font tout pour que nous ne les obtenions pas. Ceci crée une iniquité terrible dans la campagne présidentielle, car nous avons perdu un temps fou et des sommes d’argent considérables pour réussir à avoir ces 500 parrainages, pendant que les autres pouvaient à loisir s’occuper de leur campagne. C’est injuste.


C.D.D : Que pensez- vous de la politique « de récupération » de l’électorat proche des idées de votre parti mené par Claude Guéant et l’UMP, notamment après le « débat » sur la viande Halal ?

J.R : Nicolas Sarkozy est un récidiviste, il veut nous faire le même coup qu’en 2007. Il veut faire croire aux Français qu’il veut réguler l’immigration (alors qu’il y en a plus eu sous son quinquennat que sous Jospin par exemple, un million d’étrangers sont rentrés en France durant 5 ans…), lutter contre l’Islamisme et contre l’insécurité. Sauf que désormais, nous avons son bilan sous les yeux, même s’il fait tout pour le faire oublier. Son bilan en la matière c’est : plus d’immigration et hausse de l’insécurité. Pourquoi ferait-il demain ce qu’il n’a pas voulu faire hier ?


C.D.D : La journaliste Claire Checcaglini témoigne dans un livre, Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée, sorti le 27 février. Elle dit, après avoir « infiltré » le parti pendant plusieurs mois, que la stratégie de diabolisation n’est « qu’une façade » et que les réunions internes intègrent « islamophobie » et « racisme ». Que pouvez-vous lui répondre ?

J.R : Je réponds que cette journaliste était une militante d’extrême gauche et qu’elle a vu au Front National ce qu’elle voulait voir, ce qui est l’inverse même du travail journalistique. Fait-on ce même travail à l’UMP ou au PS ? Je peux vous garantir que vous pourriez entendre de sacrées surprises parmi leurs militants lambda à eux aussi !
Nous faisons des réunions de jeunes tous les mercredis, qui réunissent à chaque fois 50 personnes. Nos réunions sont ouvertes à la presse et aux curieux, je peux vous garantir que nous n’avons rien à cacher.


C.D.D : Dernière question, pensez-vous que les libertés fondamentales, comme la liberté d’expression, ou de religion, sont protégées dans notre pays ?

J.R : Non, je pense que les libertés sont en grand danger dans notre pays. Sur internet, et dans les grands médias surtout. Quand on sait que l’ensemble des grands journaux, des radios, et des chaînes de télévisions appartiennent à cinq ou six familles en France, toutes amies du pouvoir, alors comment peut-on être rassuré sur la transparence et sur l’objectivité de ceux-ci ?




1 commentaire:

  1. C'est bien de lui avoir donné la parole. Il présente bien, sait s'exprimer. Mais s'il dit des vérités sur le bilan de Sarkozy, il ne faut pas oublier de mettre dans la balance les dérapages verbaux de JMLP ni les propos outranciers de certains membres du FN. Tu as raison, Jordan, la Démocratie veut que tous aient la parole.
    Bravo pour ton blog. Amitiés.
    Jean Pierre

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